Nintendo leur a déclaré la guerre, et pourtant ils se vendent comme des petits pains. On estime que 80% des possesseurs de DS en seraient équipés !
Revenons ensemble sur un accessoire à la réputation sulfureuse : le linker.
Papa, ça ressemble à quoi un linker?
Officiellement, Un linker est un accessoire permettant de faire fonctionner sur sa console des homebrews, c’est à dire des programmes réalisés par des amateurs. Ils ont les mêmes dimensions que les cartouches de jeu classiques, s’insèrent dans le slot DS (ou éventuellement GBA pour certains) et ils sont équipés d’un slot micro-SD qui accueille la carte contenant vos programmes/musiques/films.
Les prix varient énormément selon les modèles et les points de vente, entre 5 et 50€ environ. Si vous prévoyez l’acquisition d’un linker je vous conseille de bien vous renseigner au préalable afin de faire le tri entre les nombreux modèles disponibles, certains étant des copies de mauvaise qualité de modèles officiels, et de prendre connaissance du contexte juridique entourant ces produits (en lisant le paragraphe suivant par exemple). En effet, bien que ces dispositifs soient autorisés, il est impossible d’en trouver dans les principaux points de vente (grandes surfaces, enseignes nationales de jeux vidéo, magasins de produits culturels, etc.) et il faut se rabattre sur la vente en ligne pour s’en procurer.
Quelle est la raison de cet état de fait?
La loi, c’est moi!
Ces petites bêtes permettent potentiellement d’utiliser des ROMs (jeux piratés) et, ne soyons pas naïfs, cela constitue la principale raison de leur succès (près de 80% des possesseurs de NDS seraient équipés d’un linker!). Ce n’est pas vraiment du goût de Nintendo qui estime subir un préjudice financier de plus de 750 millions d’euros pour la seule année 2007. Ainsi, depuis 2007, la firme du plombier moustachu a intensifié sa lutte contre le piratage en ciblant principalement la chaîne de distribution des linkers plutôt que les utilisateurs. Cette stratégie s’explique d’une part par la difficulté à s’attaquer aux dizaines de millions de particuliers utilisant un linker et, d’autre part, à l’impossibilité de blinder la console (ou les jeux) face aux hackers. On peut par exemple constater que la DSi n’aura pas résisté plus de quelques semaines alors qu’elle avait été conçue dans une logique anti-piratage avec notamment un firmware updatable.
Le premier coup a été porté contre un fabricant de Hong Kong en octobre 2007 et a permis la saisie de 10000 puces et linkers. Fort de ce succès, Big N porta l’affaire devant la justice française pour violation de propriété intellectuelle (les linkers utiliseraient une partie du code source de la DS pour lancer leurs programmes) et obtint la saisie de plusieurs stocks de linkers vendus sur le territoire. Cette action conduisit les plus importants revendeurs français à stopper la commercialisation des linkers, une véritable victoire pour Nintendo. Un an plus tard, en décembre 2008, la firme japonaise enfonça le clou en déposant une nouvelle plainte contre les marchands, grossistes, et sites marchands qui proposent des linkers en s’appuyant cette fois sur la loi DADVSI qui interdit la fourniture de moyens de contournement des mesures techniques de protection contre la copie. Dernier succès en date contre les pirates, la Court de Justice de Tokyo a interdit la vente sur le territoire japonais d’un modèle de linker, le R4, suite à une plainte conjointe d’une cinquantaine d’acteurs de l’industrie vidéo-ludique. Cette décision pourrait faire jurisprudence et il faudra donc rester attentif à l’évolution du dossier. Notons cependant que des linkers ne permettant pas (à l’origine) le lancement des ROMs sont déjà prêts et pourraient être commercialisés pour contourner une éventuelle interdiction des modèles actuels.
Les homebrews c’est bon, mangez-en !
Réduire les linkers au seul aspect « piratage » serait une erreur. En effet, les linkers permettent d’utiliser des programmes amateurs développés par une communauté très active dont la toile regorge. On en trouve pour tous les goûts : des jeux, des utilitaires, des émulateurs, des lampes de poche (sic), etc. Voici une rapide sélection non exhaustive!
Pour les artistes :
- Colors : la rolls du dessin sur DS!
- Animatee : permet de créer des animations, très bien réalisé.
- Mario Paint Composer : un remake de l’outil de compo musical du célèbre Mario Paint (Super Nintendo).
Pour les joueurs :
- Closed : un jeu d’énigmes à la « Ouverture facile ».
- Lone Wolf : permet de jouer aux « Livres dont vous êtes le héros » de la série loup solitaire. Indispensable!
- VideoGamesHero : un Guitar Hero like, compatible avec l’accessoire officiel.
- Powder : un rogue like régulièrement mis à jour.
- Fandian : un projet de jeu tout simplement bluffant.
Il existe des milliers d’autres homebrews géniaux à dénicher (qui a dit Doom, Quake, Lemmings, Monkey Island?), à vous de jouer!
En conclusion, si un jour votre bambin vient vous demander de lui offrir un linker vous aurez désormais les éléments pour juger en toute connaissance de cause. Les linkers sont vraiment un moyen d’étendre l’expérience NDS et il serait dommage de passer à côté!
Pour completer un peu ce très bon article. Il existe un homebrew qui vous permettra de facilement récupérer d’autres homebrews directement depuis votre DS. Une connexion Wifi est bien sur indispensable.
http://gameup.supercard.fr/index.ph…
A noter pour les possesseurs de DSi que la dernière mise à jour de la console (1.4), bloquerait tous les linkers précedemment compatibles. En attendant que les teams de développeurs contournent le problème…