Voici un jeu Wii qui a fait l’effet d’une bombe dans le landerneau vidéoludique et qui réussit l’exploit de faire baver les joueurs tous supports confondus. Pour notre 2e test de jeu Wii « pour les grands », partons a la découverte d’un titre assurément pas comme les autres.
Le scénario du Beat Them All de SEGA rappelle fortement celui du film Running Man (starring M. le Gouverneur de Californie himself). Vous incarnez Jack, une montagne de muscles, participant à l’émission de télé-réalité ultime : un combat à mort dans une ville entièrement transformée en une gigantesque arène. Je n’en dévoilerai pas d’avantage pour vous laisser le plaisir de la découverte mais sachez que sans être révolutionnaire l’intrigue est satisfaisante, et c’est un plaisir d’avancer dans l’histoire au gré des cinématiques.
Sin City’s touch
Si MadWorld a créé l’évènement ce n’est pas grâce à son scénario. Les designers de PlatinumGames ont frappé un grand coup en choisissant de n’utiliser que 4 couleurs : noir, blanc, jaune et rouge. Ajoutez à cela une esthétique typiquement Comics (comme par exemple les bruits retranscrits en mots à l’écran, comme dans la série Batman des années 60 mais en moins kitch) et un héros qui ferait passer John Matrix pour une danseuse de ballet et vous voilà avec un jeu qui fleure bon l’influence de l’œuvre de Frank Miller. Après la très bonne adaptation sur grand écran signée Robert Rodriguez, les gars de chez SEGA étaient attendus au tournant. Verdict : Twingo ! C’est une réussite. Les contrastes violents sont magnifiques et, contrairement à ce que l’on pourrait craindre, la bichromie des personnages et des décors ne gêne pas la visibilité et la jouabilité du titre. Les grincheux ajouteront peut-être que ce choix graphique radical sert à camoufler les mauvaises performances de la Wii dans ce domaine. Qu’importe la raison, le résultat final est superbe.
Si MadWorld flatte la rétine, vos oreilles n’ont pas été oubliées. Les voix sont bien choisies dans l’ensemble, avec quand même un petit bémol pour les commentateurs en VF : leurs lignes sont sympas mais pas assez variées, et surtout, difficile de les trouver crédibles quand l’un des deux a la voix de Joey dans Friends. Les bruitages aussi sont réussis, avec des petits plus immersifs comme le bruit de la tronçonneuse qui sort directement du haut-parleur de la wiimote. Pas de problèmes non plus du côté de la musique avec une bande son hip hop qui colle bien à l’action et à l’ambiance.
Chérie, t’aurais pas vu ma tronçonneuse ?
De jolis graphismes, une histoire sympa, une bande son de qualité, c’est bien. Mais ça ne suffit pas à faire un bon jeu. Rentrons dans le vif du sujet.
Le but du jeu n’est pas simplement de se frayer un chemin à travers des hordes d’ennemis jusqu’à la fin du niveau. En effet, chaque ennemi que vous faites passer de vie à trépas vous rapporte des points (qui vous permettent de débloquer des bonus et l’accès au boss de fin de niveau) dont la quantité dépend de votre violence et de votre originalité. Il vous faudra donc être sauvage et inventif, devenir un véritable expert ès massacre. Vous disposez pour cela d’une large palette de coups (poings/pieds, prises, projections, coups de tête,…), d’une tronçonneuse (et d’autres armes bonus dont je vous laisse la surprise) et surtout du décor ! Panneaux de signalisation, engrenages, barbecues, etc. ; chaque niveau offre son lot d’objets potentiellement mortels à dénicher pour réaliser un véritable carnage.
On dirige Jack en vue à la troisième personne avec le nunchuk et on porte les coups à la wiimote. Le gameplay est instinctif et on enchaîne les prises avec facilité. Certaines mises à mort donnent lieu à des QTE où vous devez réaliser divers mouvements avec les manettes. Si l’idée était déjà présente dans No More Heroes, elle est ici beaucoup mieux exploitée et on se plait à découvrir les horreurs que l’ont fait subir aux ennemis. Ces derniers ne sont pas très gâtés niveau IA et on regrettera qu’ils ne se montrent pas un peu plus agressifs par moment. Les confrontations face aux boss quant à elles sont souvent épiques, même si certains regretteront que ces affrontements soient en partie scénarisés par des QTE (de toute beauté néanmoins). En plus des combats, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure un peu de variété entre deux scènes de castagne pure et dure avec par exemple des niveaux à moto ou des mini-jeux type lancer de fléchettes humaines.
Wait and bleed
N’y allons pas par quatre chemins. MadWorld c’est violent, c’est gore, j’oserais même c’est du sang pour sang si le jeu de mots n’avait pas été déjà fait cent fois. Jack massacre, broie, décapite, découpe, éviscère et il a la fâcheuse tendance à en foutre partout ce qui fait que les décors en noir et blanc se couvrent rapidement de traînées de sang (du plus bel effet soit dit en passant). Ne nous méprenons pas, c’est très violent mais on est plus dans l’esprit d’exagération de Kill Bill que dans le style malsain de Martyrs ou Irréversible. C’est à cette violence exacerbée que le titre de SEGA doit son classement en 18+ et même son interdiction pure et simple dans certains pays (comme l’Allemagne par exemple). Les partisans de « Familles de France » seront ravis d’apprendre que le jeu à fait un bide commercial retentissant malgré ses qualités, une grosse campagne de promotion et les critiques dithyrambiques de la presse spécialisée. Une bien mauvaise nouvelle pour les gamers de la Wii.