Le net fourmille de petits trésors avec une multitude de blogs tenus par des gens passionnés, désintéressés et intéressants. Certains d’entre eux, par leur qualité (ou une connaissance aiguë des techniques marketing) deviennent alors des « blogs influents ». Mais la passion survit-elle à ce changement de statut ?
Pour 99% des rédacteurs/blogueurs, le postulat de départ est identique : on écrit par passion et par envie de partage. Non je ne suis pas entré malgré moi dans le monde des bisounours, mais je ne peux pas imaginer une autre motivation originelle. Tenir un blog et l’approvisionner régulièrement demande beaucoup d’investissement personnel, de temps, d’abnégation, de ténacité… Les moments « gratifiants » sont le plus souvent très rares, au contraire des déceptions et des moments de découragement. Qui aime écrire pour ne pas être lu ? Combien de blogs, aussi intéressants et brillants soient-ils, disparaissent lors de leur première année d’existence ? A moins d’être particulièrement masochiste, il faut être animé par une véritable passion pour se prêter sérieusement à l’exercice. Cette passion est de temps en temps récompensée par un petit commentaire sur tel ou tel article, un petit twitt d’une personne jusqu’alors inconnue, une petite marque d’intérêt valorisant son travail.
Le club VIP des blogueurs influents
Et puis parfois, la « mayonnaise prend », le blog commence à attirer les lecteurs et quelles qu’en soient les raisons la fréquentation augmente jusqu’à prendre des proportions importantes. Ou bien, sans signe avant coureur et alors que les statistiques de visite ressemblent au nombre de victoires en F1 de Jean Alesi, vous obtenez ce que l’on appelle un « succès d’estime » en vous faisant remarquer par quelques personnes influentes. Vous voilà devenu un « blogueur influent », ce terme très à la mode signifiant que les éditeurs de jeux vont commencer à vous inviter à chaque occasion et à vous envoyer les versions presses de leurs titres. Félicitations, vous faites parti des « influenceurs », ces personnes lambda qui ont réussi à créer une véritable proximité avec les lecteurs, et qui vont les influencer inconsciemment (ou consciemment, mais c’est un autre débat). Vous comprenez, un pote qui vous conseille un jeu aura toujours beaucoup plus de poids que le vendeur du magasin du coin.
Il ne faut pas s’en cacher, pour un passionné de jeu vidéo c’est une étape kiffante et gratifiante. Vous aimez le jeu vidéo et on vous en envoie beaucoup, directement chez vous. Mieux, on vous invite pour partager champagne et petits fours à chaque nouvelle sortie, vous permettant le plus souvent de repartir avec un exemplaire avant la date de sortie officielle et une bonne flopée de goodies que les collectionneurs s’arracheront sur e-bay. La belle vie ?
Prends une petite coupette coco !
C’est souvent à ce moment là que tout bascule. Sans s’en rendre compte, le blogueur vient de souscrire à un contrat moral avec l’éditeur si gentil qui l’arrose de champagne et de petits fours. « J’te donne mon jeu coco, mais faut le tester et en parler ! ». Le pire, c’est que c’est parfaitement logique. Quand on vous offre quelque chose, la moindre des politesses est de dire merci. Et bien quand on vous fournit une version presse d’un jeu, la moindre des politesses est de le tester. C’est ainsi que vous vous retrouvez à jouer et à tester tout et n’importe quoi, juste parce qu’on vous l’a donné.
Bien sur, vous pouvez être sélectif et choisir vos soirées de lancement, refuser tel ou tel jeu. Mais je n’ai encore jamais vu de mes yeux un blogueur refuser une version presse. De plus, un statut de blogueur influent, ca s’entretient. Vous n’aimez pas les FPS ? « Ok coco, mais là il y a le nouveau call of duty qui va faire un carton, t’es obligé d’en parler, tu peux pas passer à coté de cet évènement de dingue ». Vous êtes allergiques au casual gaming ? « Attends, y a Kinect qui déboule, tu peux pas ignorer ca, tu va passer pour un fanboy Sony. T’es obligé d’en parler, en plus la soirée de lancement était énoooorme coco ! »
Vous êtes dans un engrenage dont vous ne pouvez plus sortir. Vous voilà obligé de jouer à des titres que vous n’auriez même pas regardé du coin de l’œil, ou alors avec un dédain gigantesque. Et pour peu que vous vous preniez au jeu du « qui qui a la plus grosse » en vous gonflant d’orgueil avec vos statistiques de fréquentation incroyables, vous êtes foutu. Votre blog qui sentait bon la passion se transforme en une suite ininterrompue de communiqués de presse souvent paraphrasés, de comptes rendus de soirées blogueurs et de tests réalisés à l’arrache « parce que si je le publie vite je gagne de l’audience coco ! ». Et tant pis si vous avez zappé les quêtes annexes ou le mode multi, l’important c’est la réactivité. Très vite, vous ne jouerez plus à des titres parce qu’ils vous plaisent, vous contentant des nouveautés à tester, tel un boulimique qui n’apprécie pas ce qu’il mange. Et cela ne vous choquera guère. Tant que le champagne est bon…
C’est de moi que tu parles ? Oh p*tain je vais te casser la gueule ! 😀
Sur le fond, je ne suis pas tout à fait d’accord (c’est juste une nuance certes :p). Pcq comme tu le dis, bloguer c’est une manière de vivre sa passion, de s’investir dans sa passion. La passion reste, la passion à travers le blog peut disparaitre par contre.
Plus que la perte de passion c’est la perte d’objectivité qui rôde à mon avis.
@Djou : mais non je parle pas de toi, tu as mal lu. Je dit je cite « vous permettant le plus souvent de repartir avec … une bonne flopée de goodies ». Toi t’es pas foutu de partir avec ton sac de cadeau quand tu couvres un event! 🙂
Sinon je suis pas du tout d’accord avec toi, on demande absolument pas à un blogueur d’être objectif. Moi j’assume parfaitement ma subjectivité.
Je me suis mal exprimé, j’aurais plutôt dû parler d’honnêteté intellectuelle en fait, dans le sens où certains peuvent être tentés de caresser les éditeurs dans le sens du poil en disant du bien de leurs jeux.
J’avoue tout! Je diffuse des communiqués de presse! ^^ Pas tout le temps et je les sélectionne en fonction du contenu quand même. En général, c’est pour des DVD ou des jeux vidéos, mais bon, je ne diffuse pas que de ça.
Bon il y a les traditionnelles news qui font du bruit, des tests que j’écris et qui prenne du temps (beaucoup d’ailleurs) et le reste, ce sont les achats que je fais et la réception pour dire que tel ou tel magasin est bon ou non.
Et je dirai que je me sors pas trop mal puisque ça fait plus d’un an que mon blog existe et j’en suis très satisfait. 🙂
Et de toute façon, le jour où je n’ai pas envie d’écrire un billet je ne le ferais pas ou bien j’arrêterai le blog et puis c’est tout, c’est pas compliqué. ^^
Mais qu’est-ce qu’il faut faire alors ?
Y-a-t’il une recette miracle pour sortir de cet engrenage ?
Faut’il prioriser ?
Si je suis vraiment fan de JV, je met un coup de frein à mon blog ?
Et si blogueur est une drogue ? J’accepte d’être mené par le bout du nez pour être invité partout ? (et publier des billets qui n’intéressent personne ^^’)
Parfois, je suis bien contente de ne pas être toute seule sur mon blog…
Merciiiii les filles ! Et vive LesGameuses !!! (et on emmerde tout le monde ;p)
Et pour info :
Je déteste le champagne :p
(vive la bière !)
Je ne sais pas si c’est une remise en question que tu fais là, mais faut rien lâcher !
Ce qu’il faut d’abord savoir c’est ce que tu as envie de faire de ton blog et pourquoi tu le fais. Tu veux faire péter les statistiques ou juste te faire plaisir ?
Chez polygamer par exemple on se fout un peu de nos statistiques, on se fout de savoir si les éditeurs vont apprécier ou non nos méchantes critiques, on est des vilains rebelles quoi ! On fait ça pour le plaisir, pour le fun et parce qu’on aime ça. Et ça nous permet de garder une certaine forme d’indépendance… C’est peut-être pour ça que certains éditeurs nous boudent d’ailleurs… Mais dans l’ensemble on continue a recevoir les jeux qui nous branchent (et seulement ceux qui nous branchent) sans être inondé de jeu qui, comme tu le dis, n’auraient même pas suscité le moindre intérêt à nos yeux.
Bon continuage !
@Flo : l’important, c’est de se faire plaisir.
@Kasilla : Pas sur d’avoir compris le sens de ton intervention, donc je me permets de ne pas y répondre 😉
@Nachcar : T’inquiètes, on lâchera rien 🙂 De toute façon ce petit texte, écrit certes un jour de coup de blues, n’est pas spécialement autobiographique. Le vendu dans l’équipe de Ludo c’est Djou! Moi de par la distance géographique j’suis privé de ptits fours et de champagne, la vie est trop injuste! Merci d’être passé par là en tout cas. Je le répète souvent mais les lecteurs de Ludo sont, à défaut d’être nombreux, d’une très grande qualité! :p
Ouep c’est moi le vendu. Je bouffe à tous les râteliers en plus, et j’ai même pas honte !
Plus sérieusement, et pour rester sur la problématique des versions test/soirées de présentation, il ne faut à mon avis pas trop se prendre la tête. On est totalement amateur, on est là pour le plaisir et ça fait partie de la « magie », ça donne l’impression de passer de l’autre côté du miroir. En résumé : ça envoie du rêve. C’est con et c’est futile, mais on a pas toujours besoin de se prendre au sérieux non plus 😉 Tant que ça ne devient pas une priorité ou une fin en soi, notre identité de blogueur passionné n’est pas menacée.