À l’occasion de la sortie de Sucker Punch en DVD le 17 août, je vous propose ma critique du film et de son édition DVD.
Sucker Punch, ou la démonstration par l’exemple que des jeunes filles à moitié nues et un déferlement de délires geeks ne suffisent pas à faire un bon film.
Le film de Zack «300» Snyder est une oeuvre militante. C’est un acte politique, une dénonciation de la vacuité de la production artistique contemporaine dont il a choisi de mettre en exergue les stéréotypes. Tant sur le fond que sur la forme, l’artiste reprend à son compte les concepts innés célébrés ces dernières années par une sous-culture décadente qui a sacrifié son identité sur l’autel technologique du Grand Capital. L’inconfort du spectateur incrédule devant Sucker Punch est alors le meilleur argument face à la thèse de l’auteur : notre culture est merdique et Snyder nous plonge la tête dedans pour nous faire réagir. Brillant !
Ouai, mais en fait non
Le projet de Zack Snyder m’a vendu du rêve, du rêve 24 carats avec jantes 22 pouces en diamant même. Ces affiches magnifiques, ces artworks flamboyants, cet univers baroque… Voici quelques exemples pour ceux qui voudraient se remettre dans l’ambiance :
Ça a de la gueule, non ? C’est un tel concentré de geekeries que la question de leur intégration dans un ensemble cohérent paraîssait à l’époque totalement superflue. Ça c’était jusqu’au drame.
Ce soir d’Avril, j’étais prêt pour en prendre plein la gueule. J’espérais atteindre le nerdgasm, je voulais vomir des double rainbows all the way et saturer mes synapses de WTF.

Ah ça, je me suis bien décroché la mâchoire, mais d’incrédulité devant l’accident industriel qu’est Sucker Punch. L’histoire de cette jeune fille qui s’évade par la pensée de l’asile où son père l’a fait interner aurait pu être une bonne surprise mais sa mise en oeuvre est chaotique. Passé la scène d’introduction où intensité va de paire avec réalisation soignée, le film sombre dans un coma dont ni la plastique des héroïnes ni les scènes fantastiques et fantasmées n’arrivent à venir à bout. La faute revient en partie à un principe de réalités imbriquées brouillon et forcé. À mi-chemin entre Shutter Island et Inception, l’influence semble avoir être mal digérée tant le résultat est ici à l’opposé de ces modèles. D’un mécanisme au service de la complexité du récit il devient un simple artifice, une excuse même pour caser en vrac tous ces délires dans un même film. C’est un peu comme mettre tous les ingrédients du repas dans un bol au lieu de les séparer en entrée/plat/dessert, c’est marrant 5 minutes mais ça file la gerbe.
Le pire c’est que même en considérant uniquement les scènes du niveau geek de réalité il n’y a pas grand chose à sauver. Les images de synthèse sont décevantes, le rythme est poussif et ces passages sont expédiés à la va-vite sans qu’on puisse s’y immerger correctement. Le souffle épique en prend forcément un coup (en pleine gueule). J’ai beau adoré le concept de zombies nazis steampunk, ça reste mauvais.
Pour faire bref, ce film est une grosse déception. J’ai adoré 300 et Watchmen, mais sur ce coup-là Snyder est passé à travers :
Le problème est un peu le même que pour Cowboys & Envahisseurs. En essayant de transformer un délire jouissif de nawak en une oeuvre pseudo artistique, le réalisateur de 300 a gâché toutes les promesses de son film. Peut-être que Sucker Punch aurait dû rester un projet, ou un univers de courts métrages et d’artworks alimenté par la communauté. Mais non, le carrosse est redevenu citrouille et Cendrillon se retrouve le cul sur la route.
Heureusement, cette édition DVD contient en plus du film (no shit Sherlock !) 4 courts métrages d’animation présentant le background des mondes imaginaires que l’on retrouve dans le film. Et ces 10 grosses minutes présentent plus d’intérêt que tout le reste du film. Elles mettent en place les bases de ces univers, qui se révèlent beaucoup plus travaillés et intéressants qu’il n’y parait à la vision du film. Vu leur montage, il semble que ces courts métrages aient servi de teasers pour Sucker Punch mais je n’en avais jamais entendu parler. C’est une belle surprise, mais qui aura du mal à justifier l’investissement de cette édition DVD vu qu’on les trouve facilement online, genre sur le site officiel du film (je ne linke pas parce qu’il est en flash, c’est lourd et je ne peux pas pointer où je veux).
L’édition blu ray (qui contient également le film en version DVD) propose elle le film en version longue avec une vingtaine de minutes supplémentaires. N’ayant pas pu la voir (édition DVD oblige…) je ne vais pas pouvoir vous renseigner quant à son intérêt.