Ou l’histoire d’une génération divisée pour toujours.
Le test d’un jeu Sonic n’est pas anodin pour un nintendomaniaque comme moi. Le choix entre le hérisson supersonique et le plombier bedonnant s’est imposé à moi il y a vingt ans et c’est un engagement à vie.
J’ai voulu croire que deux décennies seraient suffisantes pour enfin embrasser l’ennemi d’autrefois, j’ai espéré que la maturité laisserait une place au mammifère honnis, mais la Guerre des 16 bits a laissé des cicatrices que rien ne saurait effacer. Elle a déchiré les cours de récré des années 90 et marqué au fer rouge les coeurs et les âmes de manière indélébile. Putain de guerre.
Le jeu
Ne pouvant faire fi des fantômes du passé, je suis contraint de vous livrer une description factuelle de ce jeu hommage à un univers que je ne comprend pas.
Sonic Generations vous propose de redécouvrir les niveaux mythiques des précédents opus remasterisés et en 3D dans le cas de la version 3DS. Plus qu’une simple compilation, il vous permet de redécouvrir ces parcours de deux points de vue différents grâce à la faille temporelle qui réunit Sonic Old School et Sonic Next Gen. Le jeu offre ainsi 2 gameplays distincts (mais au final très proches l’un de l’autre).
Le jeu s’avère extrêmement fluide et les graphismes font honneur à la mascotte sous speed de SEGA, tout comme les musiques particulièrement soignées. Par contre, les menus sont d’une laideur à couper le souffle et leur médiocrité n’est concurrencée que par celle de la narration du jeu qui réussit à être à la fois quasi inexistante et horripilante. La durée de vie est un peu décevante puisque qu’il faudra moins de 4 heures pour boucler l’aventure principale. Heureusement, un mode versus, un mode time trial et une centaine de défis déblocables viennent un peu rallonger l’expérience.
Qui s’y frotte s’y nique
Je ne comprend pas Sonic et cette tentative montre que je ne le comprendrai sûrement jamais. Chaque partie me fait invariablement le même effet.
Je ne comprend pas son gameplay, ou plutôt ses gameplays. Je ne comprend pas où est le fun à diriger une boule de flipper plus chargée qu’un peloton du Tour de France. J’ai l’impression de m’être enfilé toute une pharmacie, de voir des crocos avec des putains de chaussures de golf, de jouer avec des gants de boxe, d’avoir trouvé le cheat code qui met le jeu en x16, inverse les commandes et fait saigner les yeux. Je me prend le choc des cultures en pleine face et j’ai l’impression qu’on me demande de traverser la frontière entre les deux Corées en moule-boules à paillettes avec un haut parleur intégré qui crache le best of de Patrick Sébastien. Imaginez la barrière de la langue, ben là c’est pareil sauf qu’elle est entourée de douves de lave protégées par des barbelés électrifiés recouverts de curare.
En fait je crois que ce qui me gêne c’est que Sonic est hyper frustrant pour les noobs, sans être gratifiant une fois maîtrisé. Quand on débute on se traîne, on doit rebrousser chemin sans arrêt, on se mange des stops en permanence et disons le clairement, on se fait chier. Une fois les passages clés d’un niveau mémorisés, on termine en vingt secondes ce qui ressemble plus à une épreuves d’automatismes que de réflexes, en ne voyant rien qu’un flou de décor et basta. Les boss viennent un peu améliorer l’expérience (au contraire des niveaux bonus bien kitchouilles) mais la finalité de ce jeu reste totalement opaque à mes yeux. Cette impression est renforcée par le level design pas toujours inspiré des niveaux réimaginés pour ce Sonic Generations.
Alors j’entends déjà les insultes des partisans de SEGA m’accusant d’être trop nul pour saisir la surpuissance de Sonic, mais que celui qui n’a jamais été confronté à ce genre d’incompréhension face à ce que d’autres considèrent comme un chef-d’oeuvre me jette la première Megadrive !
Génération sacrifiée
Non ce Sonic n’est pas celui de la réconciliation. Petite douceur nostalgique pour les fans du hérisson, témoignage historique pour ceux qui n’ont pas connu l’époque bénie des 90’s, best of qualitativement maîtrisé, le jeu n’est malheureusement pas celui qui réconciliera les Nintendo addicts et la mascotte de SEGA. Il n’est pas forcément à réserver aux inconditionnels de la licence mais il mériterait un prix sous la barre des 20€ pour compenser certaines grosses lacunes !
SONIC GENERATIONS 3DS – LE TRAILER DE LANCEMENT ! par SEGA
Sonic Generations est disponible sur PS3, Xbox360, PC et sur 3DS. Ce test a été réalisé à partir d’une version 3DS fournie par SEGA.
Alors là mec, entièrement d’accord avec toi, Sonic c’est une licence qui a bluffé à sa sortie et est devenu légendaire pour des raisons techniques qui n’ont plus rien d’étonnant aujourd’hui.
Tous les jeux de plate-forme sont aujourd’hui capables d’afficher un scrolling rapide et des niveaux non linéaires, ce qui était la particularité de Sonic il y a vingt ans.
Le problème, c’est que, un peu comme Tomb Raider, c’est une licence qui s’est retrouvée dès le départ dans une impasse et qui, de fait, n’a jamais pu évoluer.