Les consoles portables et les puzzle games vivent une histoire d’amour (presque) millénaire. Celui qui n’a jamais imprimé la marque de la cuvette sur son postérieur en jouant à Tetris sur le trône, celui qui n’a jamais manqué son arrêt de bus/métro/train happé par une partie de Picross endiablée, celui-là ne sait pas. Celui-là ne sait pas la puissance, la beauté et le pouvoir. Celui-là ne connaît pas l’ivresse, les nuits fiévreuses et les combinaisons qui envahissent le cerveau dès que les yeux se ferment.
En tant que premier puzzle game de la PS Vita, Lumines se doit de faire honneur à cette union sacrée !
Lumines, fils de
Comme George Bush fils de George Bush, Lumines est la suite de Lumines. Sorti en 2005 lors du lancement de la PSP, Lumines premier du nom est un puzzle game musical ayant connu un certain succès sur la machine de Sony grâce à un principe ultra simple et une mise en scène pêchue. Sans surprise, le fiston marche dans les traces de son padre et vient reprendre le flambeau sur la cadette de la famille Playstation, pour le meilleur et pour le pire.
I want to move it move it
Lumines a un principe simple disais-je, empiler des blocs 2×2 bicolores et les faire disparaître en groupant les sous blocs par couleur (et non pas entasser les sous-bocks par couleur, ce qui comporte à long terme un risque de cirrhose non négligeable). Petite subtilité de gameplay, les blocs ne disparaissent pas instantanément, ils sont effacés au passage d’un rayon qui balaie l’écran régulièrement en suivant le tempo de la musique. Cela ajoute un soupçon de stratégie puisque vos points dépendent du nombre de blocs détruits par le rayon de la mort en un passage et vous oblige aussi à réfléchir en permanence à l’enchaînement des évènements. Par exemple, si vous formez un bloc pile sous le rayon il y a de grandes chances qu’il n’en emporte que la moitié et que vous vous retrouviez avec une moitié orpheline sur les bras. Un peu comme quand votre ex s’est barré en vous laissant son chien aveugle et incontinent en souvenir.
Le gameplay de Lumines s’enrichit également de blocs spéciaux et de pouvoirs liés à votre avatar pour rompre la monotonie et introduire des retournements de situation parfois spectaculaires. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ces petites distractions sont les bienvenues. En effet, dans le mode Voyage (mode principal du jeu) les parties sont looooongues. On parle de 30 minutes minimum pour arriver à une situation un peu tendue là ! Personnellement je préfère le mode Expert dont la vitesse augmente régulièrement à la manière d’un bon vieux Tetris et vous met rapidement sous pression.
Retrouvez des sensations vieilles de 20 ans c’est peut-être un détail pour vous, mais pour Lumines ça veut dire beaucoup, ça veut dire qu’il était libre, heureux d’être là malgré tout.
Dance Machine 4
Être heureux d’être là c’est bien, mais venir avec sa compil Mega Techno bien moisie c’était pas obligé ! Chaque morceau de la BO est accompagné de son propre skin (blocs et animation en fond d’écran) plus ou moins lisible et plus ou moins moche, ce qui au final est assez cohérent avec la musique.
Alors oui, on avait dit pas les habits et puis tous les goûts sont dans la nature donc je vous laisse juger par vous-mêmes la playlist du jeu. On regrettera quand même de ne pas pouvoir remplacer la bande son en allant chercher des morceaux perso sur la carte mémoire de la Vita par exemple.
Le bandit manchot
Un jeu qui se veut musical avec une bande son pourrie ça la fout mal, mais après tout si le gameplay suit on peut faire un effort. SI le gameplay suit… Car si la jouabilité de base (i.e les déplacements des blocs) est heureusement impeccable, le reste n’est pas franchement à la hauteur.
Il est par exemple impossible d’assigner le déclenchement du bonus a une touche physique. Lumines trouve ça plus fun de vous obliger à lâcher le stick qui permet de déplacer les blocs pour appuyer à un endroit précis de l’écran tactile. 2 gâchettes et 4 boutons sont dédiés à faire tourner les blocs, 6 putains de boutons quand 2 suffisent. Et accessoirement votre pouce droit ne sert à rien si comme moi vous choisissez d’utiliser les gâchettes. Bien gratinée comme idée, bravo les mecs ! Et puis c’est con ça aurait été une bonne utilisation du pavé tactile arrière ça. Mais chez Ubisoft on a préféré demander au joueur de le tapoter en continu pour faire monter la jauge du-dit bonus, ce qui est innovant et pas du tout chiant ! Au final j’ai baissé les bras et je joue sans les bonus…
Après ça vous ne serez pas surpris d’apprendre que le gameplay alternatif entièrement tactile semble avoir été fait pour troller les smartphones et les tablettes en offrant une jouabilité ridiculement inférieure à l’expérience classique usant des sticks et des boutons.
Et pourtant j’y joue
Lumines est plein de défauts mais le concept de base reste une valeur sûre et le jeu s’avère plaisant à condition de faire le deuil d’une partie du jeu. Plus hypnotique qu’addictif, Lumines ne vaut pas les 40 € auxquels il est proposé en magasin mais à une dizaine euros dans un bac de soldes dans quelques mois pourquoi pas.