Le crowd funding comme planche de salut du jeu vidéo à Papa ? Brian Fargo y croit et tente sa chance pour donner une suite à Wasteland, aka le jeu qui a inspiré Fallout.
Après la success story Minecraft, ce petit bijou financé par les ventes des versions alpha puis beta (pour au final 5 millions de jeux vendus, des récompenses dans tous les sens et une gamme de Lego à son nom), le jeu vidéo passe la vitesse supérieure en proposant aux joueurs d’investir avant même le début du développement du jeu.
Financé par le peuple
Le principe est simple : demander au grand public d’investir dans un projet en lui offrant un échange soit la perspective d’un gain pécuniaire soit diverses récompenses liées au projet.
Démocratisé en France par des sites comme My Major Company notamment, une maison de disques où les internautes investissent sur les artistes qui leur semblent prometteurs, le crowd funding s’applique en fait à tous les domaines et est désormais bien rodé. La liste des sites lancés sur ce créneau ne cesse de s’étoffer mais certains tirent leur épingle du jeu comme l’américain Kickstarter. Ce dernier va nous intéresser puisque c’est lui qui a allumé la première mèche dans le domaine vidéoludique.
Viens là que je te kickstarte !
Double Fine Adventure
L’histoire de ce coup de tonnerre – de coup de foudre devrais-je dire – est celle de Double Fine Adventure.
Le 8 février dernier, Double Fine, le studio californien à qui l’on doit Psychonauts et Brutal Legend, lance une collecte pour financer son nouveau jeu. Renouant avec les premiers amours de son fondateur Tim Schaffer (Day of the tentacle, Full Throttle, Grim Fandango), Double Fine cherche à récolter 400.000 $ pour développer un point and click et se laisse 50 jours pour réunir la somme.
8 heures après le lancement, l’objectif est atteint.
En moins de 24 heures, la barre du million de dollars est franchie.
Au terme de la collecte, la cagnotte s’élève à plus de 3.300.000 $.
Grâce à ce nouveau budget, Double Fine a revu ses ambitions à la hausse. Double Fine Adventure (nom provisoire) sera porté sur Windows, Linux, OS X, iOS et Android, et il sera traduit en Français, Espagnol, Italien et Allemand. Les gens ayant soutenu le projet seront couverts de cadeaux et leurs rêves les plus fous seront exaucés.
Le conte de fées est merveilleux et d’autres vétérans du jeu vidéo ont décidé de se lancer dans l’aventure du crowd funding et de battre le fer tant qu’il est chaud. Opportunisme certes, mais opportunité aussi !
Brian Fargo’s Wasteland 2
Le nom de Wasteland ne vous dit peut-être rien mais l’évocation de Black Isle, Baldur’s Gate et Fallout devrait inonder votre cerveau d’un flot incontrôlable de dopamine et vous faire cracher des arcs en ciel par tous les orifices.
Si ce n’est pas le cas je ne peux plus rien pour vous, et je veillerais à ce qu’on vous retire votre badge de Gamer des Castors Juniors. En public.
Ces noms mythiques ont un point commun : Interplay, studio fondé par Monsieur Brian Fargo. Il se tourne aujourd’hui vers les fans pour enfin réaliser un des projets lui tenant le plus à coeur, offrir une suite à Wasteland 25 ans après la sortie de l’original.
Ce RPG a marqué l’histoire du genre comme étant le premier à offrir un univers si vaste, influencé par les choix des joueurs et offrant une grande liberté, notamment dans la manière d’aborder les obstacles. Il introduit aussi la possibilité de gérer indépendamment les membres de son groupe pour offrir des possibilités tactiques démultipliées. C’est ce que raconte l’argumentaire du projet sur Kickstarter en tout cas ! Parce que bon, en 1988 j’avais d’autres préoccupations que les RPG post-apocalyptiques révolutionnaires (genre rentrer en maternelle). Non moi je connais Wasteland comme le jeu qui a inspiré les deux premiers Fallout. Soit deux des plus beaux, des plus grands, des meilleurs jeux auxquels j’ai eu la chance de jouer. Et imaginer qu’on va peut-être bientôt retrouver cette licence bénie suffit à déclencher chez moi une crise aiguë de priapisme.
Aux commandes du projet Wasteland 2 on retrouve donc Brian Fargo, producteur exécutif sur Wasteland et Fallout, entouré au sein de son nouveau studio inXile d’un bon nombre de talentueux artistes ayant contribué au succès de ces formidables œuvres que sont Fallout 1 et 2.
Pour que le projet se réalise, l’équipe de Wasteland 2 souhaite récolter 900.000 $ en 35 jours. C’est plutôt bien parti vu que la somme a été réunie en moins de 36 h ! Désormais l’objectif est d’atteindre la barre des 1,5 millions de dollars pour offrir au jeu une version Mac et une version Linux (en plus de permettre aux développeurs de bâtir un univers plus vaste et plus riche).
Ok, mais qu’est ce qu’on y gagne ?
Attention ! On ne vous demande pas de craquer votre PEL par pure bonté d’âme ! En fin de compte c’est une sorte de précommande ultra anticipée. Vous recevrez bien sûr des récompenses proportionnelles à votre investissement.
Franchement, je n’ai pas hésité une seconde à lâcher les 15 malheureux dollars demandés pour le jeu et maintenant je me tâte à passer la barre des 100 $. L’édition collector je m’en tamponne, par contre avoir mon nom aux crédits d’un jeu vidéo c’est un rêve de gosse ! Certains s’offrent des voyages dans l’espace, moi je m’offrirais bien un petit bout de postérité dans un jeu qui déboite (enfin j’espère !).
Et n’oubliez pas, si vous choisissez de participer vous aiderez à réaliser le rêve de dizaines de milliers de joueurs ! Alors vazy fépatapute ! C’est par là que ça se passe !