Bon, je vais lâcher le morceau tout de suite, je n’aime pas Metal Gear Solid. Autant le premier sur Playstation m’a fait rêver, et pas qu’un peu, apportant un gameplay sans précédent à l’époque, autant je trouve que depuis, la licence ne fait que se répéter et est de fait en incroyable perte de vitesse. Le point culminant ayant été à mon sens atteint avec le dernier, sorti sur PS3, qui faisait franchement peine à voir (désolé Thibaut).
Donc autant dire que quand j’ai reçu la proposition de remplacer Djou au pied levé pour aller au MK2 fêter les 25 ans du bébé de Kojima, j’étais pas super emballé. Bon maintenant, j’ai pas non plus fait la fine bouche, j’ai pris sur moi, et je me suis dit qu’au pire, j’aurais toujours une belle occasion de troller du fanboy.
Et autant dire qu’au début je n’ai pas forcément été déçu. Autant ça partait franchement bien, avec une petite rétrospective vidéo des différents opus de la licence et une arrivée en fanfare des deux protagonistes principaux de la soirée, à savoir Hideo Kojima bien sur, le lead designer des différents titres, et Yoji Shinkawa, le directeur artistique de la série, entouré par quelques cosplays franchement réussis et carrément dans le ton. Autant dès que Kojima s’est mis à parler, là j’ai franchement eu peur, surtout quand le gars est parti en mode « full japonais » en justifiant la qualité de son travail par sa quantité (cent idées par jours, nan mais sans déconner…) et en profitant pas mal de l’idolâtrie dont il fait l’objet pour ne pas vraiment se remettre en question.
Mais j’ai rapidement changé d’avis, déjà par la qualité des questions qui étaient posée à Hideo (ouai je l’appelle par son prénom, je suis un ouf’), car il faut dire qu’elles étaient parfois un peu gênantes pour l’intéressé et également vraiment bien organisées en quatre thèmes bien distincts : les origines de la série, les inspirations de son auteur, les raisons du mythe engendré par la série ou encore son futur.
Mais ce qui m’a vraiment fait retourner ma veste, et bien c’est simplement la personnalité d’Hideo Kojima. Je m’attendais à voir débarquer un japonais hautain, imbu de lui-même et abusant de la langue de bois et d’un discours prémâché. J’ai découvert petit à petit une personne drôle, incroyablement sincère, ne se prenant pas du tout au sérieux et n’hésitant pas à nous dévoiler des anecdotes souvent touchantes. Mais surtout, j’ai admiré un véritable passionné de jeu vidéo, portant l’innovation en termes d’interactivité au cœur de sa démarche créative. Ce qui m’a vraiment prit à contrepied, au vu du chemin que prend la série Metal Gear Solid depuis pas mal d’année maintenant.
Et c’est d’ailleurs l’interviewer qui a posé la question qui me brulait alors les lèvres (et que je ne me serais pas gêné pour lui poser) : comment un homme si passionné peut il supporter de rester coincé dans une licence laissant aussi peu de place à la créativité ?
Et bah la réponse était bien sûr cohérente avec le message qu’il laissait passer depuis le début de l’interview : il s’emmerde ! Et c’est bien la faute de Konami s’il s’est coltiné le rôle de lead game designer sur les épisodes de la séries sortis après le 2e sur PS2. Sinon croyez bien qu’il serait passé à autre chose depuis longtemps ! C’est con, mais ce genre de discours fait plaisir à entendre de la part d’un game designer aussi célèbre de Kojima.
S’en est suivi l’interview du directeur artistique de la série, qui fut également incroyablement intéressante, portant notamment sur ses influences, sa façon de dessiner Snake et les personnages en général (comment rendre des expressions crédibles sur le visage de quelqu’un qui porte en permanence un bandeau par-dessus les sourcils ?). Elle a culminé par la réalisation d’un magnifique dessin en live durant laquelle il nous a gratifié de quelques bons mots, lui aussi ne se prenant absolument pas au sérieux.
La masterclass s’est terminée par des questions posées par le public. Bon, bah là pas de surprise, elles étaient souvent pas franchement intelligentes, les mecs étant en général intimidé par le personnage qu’ils admirent. Mention spécial au gars d’un site de fanboy qui a posé à Kojima la question qui tue : pourquoi l’arme machin et l’objet bidule sont dans le CD du jeu sorti sur Playstation alors qu’elles n’apparaissent pas dans le scénario. Il s’attendait probablement dans ses fantasmes à une révélation sur le scénario du jeu, voire, encore mieux, à un adoubement par le maitre Kojima qui aurait remarqué LE véritable fan surnageant dans la masse. Mais il a eu droit à une réponse de chef de projet, une réponse de la vraie vie, réaliste et implacable, et du coup vraiment drôle : « J’en sais
rien »
Et franchement, rien que pour ça, bah c’est avec le sourire jusqu’aux oreilles que je suis rentré chez moi après cette vraiment bonne soirée qui aura complètement retourné mes préjugés sur une série et surtout sur une bien belle personnalité.
hhhuuuuuuuuuuuuuuuuu 😉
Nan sérieux, ta petite rétrospective avec god Hideo avait apparemment mal commencée mais heureusement se finit bien! Je vois que toi aussi tu es tombé sous le charme du serpent 🙂 Merci de faire partager cette masterclass à un petit provincial qui porte des Tees FoxHound et mate ses artbooks de MGS (<3 Sniper Wolf) en attendant de trouver le temps de se retaper la série complète (Metal Gear 1 et 2 inclus…)