La semaine avait été vraiment difficile alors pour me remonter le moral, j’ai décidé d’aller voir Jagten (La Chasse), film danois de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen (vu dans Valhalla Rising ou Casino Royale) et Thomas Bo Larsen (vu dans Festen), en VOST s’il vous plait !
Skitserer (ou résumé pour ceux ne parlant pas danois!)
Lucas vit seul au Danemark avec son chien Fanny après un divorce difficile. Il voit peu son fils et le regrette. Employé dans un jardin d’enfants, ses journées sont égayées par les rires et la joie de vivre de ces petites têtes blondes. Mais un beau jour, l’une d’entre elles, Klara, la fille de son meilleur ami Théo, dit à la directrice Grethe que Lucas est méchant, qu’elle ne l’aime pas et qu’il lui a montré ses parties intimes. A partir de cet instant, la vie de Lucas va s’effondrer. Accusé d’abus sexuel sur cette fillette et d’autres, il est rejeté par sa communauté. Tout le monde se méfie de cet homme au point de lui interdire l’accès au supermarché : un monstre pareil, s’attaquant à l’innocence incarnée, ferait fuir les clients ! Seuls son fils Marcus et son ami Bruun le soutiennent dans cette épreuve.
La présomption d’innocence versus le pouvoir des mots
La parole d’un enfant de 4 ans, suffit à déclencher l’hystérie collective, selon le très célèbre adage : « la vérité sort de la bouche des enfants ». Comment un enfant de cet âge pourrait-il avoir assez d’imagination pour raconter une histoire pareille ? Même pour les plus sceptiques de ses amis, de ses voisins, des gens du village, comment ne pas douter de cet homme réservé et secret ? Alors la facilité prend le dessus : la rumeur se propage et le chasseur devient la proie.
Malgré les accusations, Lucas reste stoïque, confiant en la nature humaine. Il se dit innocent et est persuadé que les gens vont s’en rendre compte. Pourtant ce comportement calme le rend encore plus suspect et il oublie que sa parole est mise en balance avec celle de Klara…
Un sujet récurrent dans les faits divers
Il n’y a pas une année sans que l’on parle au JT ou que l’on lise dans la presse un fait divers concernant la pédophilie. Car bien que le mot ne soit jamais prononcé dans le film, c’est de cela qu’il s’agit. Les cas sont réels et laissent des séquelles indélébiles.
Toutefois que se passe-t-il lorsque les accusés sont innocents ? Car ce sont aussi des faits divers, ces hommes accusés à tort qui sont innocentés bien des années après. Et quand bien même ils sont blanchis, le soupçon pèsera à vie sur leurs épaules. Et si jamais ça s’était réellement passé ? Si malgré la décision de justice les acquittant, ils étaient vraiment coupables ? Est-ce que les gens ne vont pas regarder bizarrement ces hommes s’ils portent dans leurs bras un enfant ? Se pose aussi la question de l’homme pédophile et de la femme ayant un comportement maternel alors qu’il est avéré que la pédophilie n’a pas de genre !
Tout un tas d’interrogations soulevées par ce film et l’incapacité du spectateur à savoir comment il pourrait réagir si un cas semblable se présentait dans notre environnement proche.
Prix d’interprétation masculine
Mads Mikkelsen a reçu le prix d’interprétation à Cannes pour La Chasse. Et il ne l’a pas volé.
Vulnérable et fragile ici, il est aux antipodes du méchant Chiffre dans Casino Royale, du guerrier One Eye dans Valhalla Rising ou encore du soldat Tristan dans le Roi Arthur… Il a su trouver le jeu juste pour coller à ce personnage totalement naïf sur la nature humaine, espérant un geste de cette petite communauté de la campagne danoise.