Arnold l’avait promis, Arnold l’a fait. Schwarzenegger is back motherfuckers !
Il faut sauver le soldat Schwarzy
Le Dernier Rempart (The Last Stand en VO) signe donc le grand retour d’Arnold « T-800 » Schwarzenegger en haut de l’affiche après son caméo de luxe chez les Expendables. Malheureusement, la présence au casting des gros bras des années 90 ne suffit plus à remplir les salles obscures si on en croit les scores du Dernier Rempart ou encore ceux de Du plomb dans la tête (A bullet to the head en VO) le dernier Stallone. Et ça me rend triste.
Mon petit cœur d’enfant des années 80-90 se serre devant l’indifférence générale suscitée par le naufrage de ces monuments du cinéma, d’un certain cinéma en tout cas, d’un cinéma bête et méchant peut-être, mais d’un cinéma que j’aime. Alors je ne le laisserai pas crever seul et oublié. Cet article est pour toi Jean Claude, pour toi Sylvester, pour toi Chuck, et pour toi Arnold !
The Last Fucking Stand
Arnold est Ray Owens, vétéran des stups de LA venu terminé sa carrière comme shérif d’une paisible bourgade à la frontière mexicaine. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’un des plus gros narcotraficants du continent décide de faire passer sa cavale par la ville de ce bon Shérif. Mauvaise idée.
Un scénario simple, des personnages simples, de l’action et encore de l’action, c’est la promesse d’un bon film de série B et c’est un équilibre plutôt délicat à obtenir. Trop simple on bascule dans le navet, trop faussement complexe on suit la même pente, mais de l’autre côté de ces plaines désolées se dresse le Mont Nanar nimbé dans les brumes du WTF et recouvert des neiges éternelles de la stupidité.
Et de la stupidité, Le Dernier Rempart n’en manque pas. C’est même un vrai best of ! Les méchants sont idiots, les gentils sont idiots, les scénaristes sont idiots, le réalisateur est idiot, le film est idiot. Difficile de vous parler des exemples les plus hilarants sans spoiler de grands moments donc attention, sautez directement le paragraphe suivant si vous voulez garder la surprise intacte (ça vaut le coup).
Tu sais que le Dernier Rempart est idiot quand :
- Pour se donner un coté 24 le réalisateur a choisi d’afficher l’heure en surimpression à chaque changement de scène mais ne respecte aucune des indications temporelles données par les personnages, à tel point qu’il abandonne le procédé à la moitié du film.
- Le méchant s’enfuit en voiture parce-que, dixit les gentils, « elle est plus rapide que n’importe quel hélicoptère » mais que l’hélico de la police la rattrape sans problème.
- Il n’y a qu’une route possible mais que les flics arrivent quand même à perdre le méchant en fuite.
- Les méchants viennent parler de leur plan super secret dans le seul bar d’un bled de 200 habitants où tout le monde se connait.
- Les méchants (encore) installent leur base à 25m d’une maison habitée alors que le campagne environnante est un no man’s land absolu.
- Les méchants (toujours) maquillent un meurtre pour faire croire à un simple cambriolage sans penser à nettoyer la vraie scène de crime qui est encore une fois à 20 m de la maison.
- Les gentils qui découvrent le meurtre et s’empressent d’aller demander au groupe de 30 mecs louches avec des mitrailleuses et des lunettes à vision nocturne planqués un peu plus loin s’ils ont quelque chose à voir là-dedans.
- Tout, de la bande-annonce à la première heure du film, prépare le spectateur à une scène épique avec un barrage et un Schwarzenegger en mode Gandalf et qu’en fait non. You shall not pass, mon cul ouai ! C’est opération portes ouvertes à Schwarzy City, sponsorisée par l’ensemble des forces de sécurité américaines visiblement incapable de rejoindre la frontière en moins de 3 jours ouvrés.
Pot pourri
En fait on dirait que Le Dernier Rempart est un cadavre exquis cinématographique, écrit et réalisé par plusieurs personnes qui ont fait leur boulot sans rien savoir de celui de leurs homologues.
J’ai déjà évoqué les incohérences temporelles et l’abandon pur et simple d’une partie de la mise en scène mais on retrouve ce genre d’impasses tout au long du film. Par exemple, toutes les tentatives pour donner de la profondeur aux personnages sont systématiquement annihilées dans les minutes qui suivent. On a bien sûr l’inévitable GI rentré brisé d’Irak ou d’Afghanistan (on notera au passage la tentative de récupérer un problème de société doublée d’un clin d’œil patriote) qu’on libère de prison pour le laisser mettre sa névrose au service des gentils. On a aussi le héros du film dont on nous survend les traumatismes passés et l’aversion à la violence avant de le voir se transformer en machine à tuer sans soucis. Et on a LE ressort dramatique du film, l’innocente victime, la blanche colombe abattu en plein vol. On ne reviendra pas sur les circonstances du « drame » qui tient plus de la sélection naturelle qu’autre chose, mais on attirera plutôt l’attention sur la rapidité avec laquelle les personnages oublient cet événement qui justifie pourtant absolument toutes leurs actions. Le déni sûrement !

Cependant, parmi ce patchwork d’idées et de tentatives ratées, quelques passages font mouche et rendent Le Dernier Rempart extrêmement sympathique.
Les scènes d’action notamment tiennent leurs promesses malgré l’absence de la tant attendue version Schwarzenegger du Gouffre de Helm. La première partie de la cavale est ainsi ponctuée de spectaculaires mises en échec des diverses forces policières. Ces scènes permettent de faire monter la pression et de mettre le spectateur en conditions pour une suite bien plus grandiloquente à base de sulfateuse et de mamie tromblon. Ce tournant dans le ton du film est renforcé par la réelle prise de pouvoir d’Arnold qui dés lors peut allumer les mèches pour enflammer le spectateur. Ce n’est pas pour rien que les deux scènes les plus marquantes du film tiennent sur deux répliques de son personnage ! On a bien sûr le classique et efficace « I am the sherif ! » qui fait écho au célèbre « La loi c’est moi ! » de Judge Dredd dans Stallone (ou l’inverse). On a aussi un très bel échange (à 55 secondes dans le trailer un peu plus haut) qui rappelle l’humour déjà présent dans Expendables 2 à la limite du brisage de 4è mur.
Ça ne suffira pas à faire du Dernier Rempart un bon film, ni même un film marquant, mais ça restera 90 minutes sympathiques et même plutôt drôles su vous vous laissez tentés par le côté Nanar de la force.
CQFD
Et puis d’après le théorème de Forest Gump « N’est stupide que la stupidité », donc Le Dernier Rempart n’est pas stupide mais absurde. Nuance ! Alors give Arnold a chance !
